Arthur Rimbaud, « Barbare », Illuminations, 1873 - Texte

Modifié par Lucieniobey

Bien après les jours et les saisons, et les êtres et les pays,

Le pavillon en viande saignante sur la soie des mers et des fleurs arctiques ; (elles n’existent pas).

Remis des vieilles fanfares d’héroïsme, — qui nous attaquent encore le cœur et la tête, — loin des anciens assassins, —

Oh ! Le pavillon en viande saignante sur la soie des mers et des fleurs arctiques ; (elles n’existent pas).

Douceurs !

Les brasiers, pleuvant aux rafales de givre. — Douceurs ! — Ces feux à la pluie du vent de diamants jetée par le cœur terrestre éternellement carbonisé pour nous. — Ô monde !

(Loin des vieilles retraites et des vieilles flammes, qu’on entend, qu’on sent.)

Les brasiers et les écumes. La musique, virement des gouffres et choc des glaçons aux astres.

Ô Douceurs, ô monde, ô musique ! Et là, les formes, les sueurs, les chevelures et les yeux, flottant. Et les larmes blanches, bouillantes, — ô douceurs ! — et la voix féminine arrivée au fond des volcans et des grottes arctiques… — Le pavillon…

Arthur Rimbaud, « Barbare », Illuminations, 1873.

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